Comment dire non à un proche atteint de démence sans dire "non" (2 / 2)

Publié le par Papi

Quand la résistance est forte, par exemple si la personne refuse catégoriquement de se doucher, on a tendance à supplier ou à déclencher un conflit. Le Dr Ken Tobbins, spécialiste de psychiatrie en gérontologie de l’université de Wisconsin, souligne que « plus l’un pousse plus l’autre tire » et suggère des approches différentes.

- D’abord éviter de supplier, de menacer.

Plutôt prendre en considération le point de vue de la personne, la moitié du chemin sera ainsi parcourue. La personne en opposition veut avant tout prouver qu’elle est autonome, elle souhaite qu’on la comprenne, qu’on la prenne au sérieux.

- Poser des questions au lieu de donner des ordres.

 Au lieu de dire à la personne ce qu’elle doit faire, lui demander son avis. Etre attentif sans être condescendant devrait amener compréhension et acceptation. Avoir de l’imagination : « nous aurons peut-être une visite aujourd’hui, tu ne serais pas mieux après une bonne douche, puis je te coifferai ? »

- Faire appel à un tiers.

La personne peut prendre un malin plaisir à vous dire non mais n’aurait pas le même comportement avec un autre membre de la famille, le médecin ou une infirmière. « Si X venait, il dirait que tu te laisses complètement aller ».

- Ne pas tout demander en une fois.

« Aujourd’hui on pourrait un peu ranger ta chambre. Dans quel tiroir tu voudrais mettre les chaussettes ? »

- Ne donner des ordres qu’en cas d’urgence.

Tout comme un jeune enfant apprend très vite à ne tenir aucun compte des interdictions ou ordres constamment répétés, une personne dépendante au plan psychique risque de faire de l’opposition systématique si les ordres sont permanents. Si le bâton est interdit, la carotte ne l’est pas : « tu auras ton dessert dès que tu auras pris ton comprimé ».

Sources :  http://www.caring.com/articles/how-to-get-someone-to-cooperate-tactics-for-caregivers?utm_medium=email&utm_source=suggests&utm_content=20130516

Publié dans démences, aidants

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C
"Tout d'abord je rappelle que le site caring.com a pour public les aidants familiaux en détresse."<br /> Alors je comprends mieux le sens des propos du psychiatre américain.<br /> Actuellement , nous intervenons au domicile d'un couple de personnes âgées. Nous prenons en charge les soins d'hygiène de la dame âgée ... " opposante" Force est de constater que la présence de son mari lors de la toilette ( la dame âgée appelle son mari : maman) la rassure et nous facilite grandement la tâche.
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P
J'interviens tardivement dans les commentaires, retardé par des problèmes d'ordinateur en vacances.<br /> Naturellement j'apprécie que les publications de Gérontoliberté ouvrent des occasions de débats, tous les points de vues enrichissent la réflexion.<br /> Tout d'abord je rappelle que le site caring.com a pour public les aidants familiaux en détresse. Nous savons que la grande majorité des cas de maltraitance ont lieu à l'intérieur des familles. exaspérées, dépressives, épuisées. L'auteur de l'étude a voulu parer au plus pressé, pensant que dans une certaine mesure la fin justifiait certains moyens. Nos seniors sont certes des adultes, mais combien de fois ai-je entendu des soignants dire avec indulgence, vous savez, ce sont aussi de grands enfants !
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C
Concernant la dernière proposition du médecin américain ,mon raisonnement était le suivant.<br /> Je me disais que dans l'hypothèse ou une personne âgée démente " répondait" à la proposition:" tu auras ton dessert , etc.", pourquoi ne serait-elle pas sensible, accessible à l'argument visant à s'appuyer sur sa condition avant tout d'adulte ... Dans le sens: parce qu'elle a vécu, parce que avoir 80 ans c'est aussi et surtout avoir derrière soi quelques heures de vol question expérience de la vie.<br /> Constance
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C
Bonjour,<br /> deux arguments de ce médecin posent quand même problème.<br /> « Si X venait, il dirait que tu te laisses complètement aller ».<br /> Je trouve que faire appel à un tiers renvoie au malade une image dévalorisante de sa situation.<br /> « tu auras ton dessert dès que tu auras pris ton comprimé ».<br /> Là , nous sommes carrément dans un procédé infantilisant et les démences sont d'abord des maladies liées à l'âge et une personne âgée est d'abord un malade qui a vécu et qui sait parfaitement que la vie n'est jamais un long fleuve tranquille et que la vie en société ( famille , structure, etc ) impose aussi des règles de vie commune ( par ex: se laver ) impliquant le respect des autres à défaut de celui de soi- même.<br /> Après<br /> Pour moi la grande question est :<br /> Vouloir à tout prix laver une personne démente dite " en opposition', dans quelle mesure ceci s'apparente - t'- il a "un acharnement déraisonnable"?<br /> Constance
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P
Oui, il me semble assez déraisonnable de vouloir résumer en quelques lignes les attitudes souhaitables dans l’accompagnement des personnes souffrant de troubles cognitifs. Je vois surtout dans ce texte l’affirmation de grands principes, même s’ils sont discutables. Merci pour votre contribution.