A la recherche du bonheur

Publié le par Louis Lacaze

A la recherche du bonheur

Depuis 1938 une équipe de chercheurs successifs de l’université américaine de Harvard a suivi 60 personnes de sexe masculin, certaines de plus de 90 ans, seules survivantes des 724 inscrits à l’étude à son origine 75 ans plus tôt. Robert Waldinger évoque les résultats de cette étude dans une conférence en novembre 2015 (voir « Source »).

 

Les participants ont été recrutés dans deux milieux totalement différents : l’université elle-même, prestigieuse, accessible seulement à l’époque aux étudiants doués et financièrement aisés, puis dans les quartiers les plus défavorisés de la ville de Boston. Certains sont devenus médecins, avocats, ouvriers, maçons. L’un d'eux est devenu président des Etats-Unis.

Les chercheurs les suivent régulièrement depuis le début de l’étude : entretiens personnels et avec les familles, examens médicaux, consultation de leurs dossiers auprès des hôpitaux et des médecins traitants.

 

Cette étude a permis trois découvertes jugées de la plus haute importance, toutes en rapport avec la qualité de la vie relationnelle tout au long de la vie.

 

La première révèle qu’une bonne qualité de vie relationnelle apporte à la fois bonheur et bonne santé tandis que la solitude est toxique et tue : avec elle la santé se détériore prématurément, les fonctions cognitives baissent, la durée de vie est raccourcie. Ceci dans un contexte où un américain sur cinq souffre de la solitude.

 

La deuxième leçon souligne l’importance de la qualité des relations qui ne dépend pas de leur nombre. On peut se sentir isolé dans une foule de connaissances ainsi que dans une vie en couple. Vivre dans une ambiance de conflit permanent a des conséquences désastreuses sur la santé. Ceux qui à 50 ans avaient le plus l’impression de vivre dans un bon climat relationnel se retrouvent à l’âge de 80 ans dans le meilleur état de santé, quel que soit leur taux de cholestérol. Les retraités les plus heureux sont ceux qui pendant leur activité avaient fait de nombreux remplacements et rencontré beaucoup de collègues de travail.

 

La troisième découverte montre que pouvoir vraiment compter sur quelqu’un en cas de besoin ne protège pas seulement le corps mais aussi le cerveau. Les facultés mémorielles sont conservées plus longtemps.

 

Se créer un bon réseau relationnel peut présenter des difficultés dans un contexte de relations familiales difficiles, de conditions de travail non motivantes. C’est le travail de toute une vie, qui ne doit pas connaitre de fin alors que la tendance générale nous porte à rechercher des solutions rapides et définitives à tous nos problèmes.

 

Commentaires de Bernard Pradines : immense sujet dans lequel une multitude de facteurs confondants et de causalités inverses peut nous rendre perplexe. Il repose aussi la question de la place de la classe sociale dans le déterminisme humain, ici en matière de santé et d’espérance de vie. Or ce sujet n’est pas abordé sous cet angle dans la communication de Waldinger. La motivation y est sous-jacente mais il ne nous est pas indiqué quel est son rôle dans la vie relationnelle, les fonctions cognitives ou le fait de pouvoir compter sur quelqu’un. Ce n’est pas, à mon avis que le travail personnel de toute une vie qui se joue ici. C’est aussi une position sociale dont on sait qu’elle est le plus souvent reproduite de génération en génération, donc transcendant l’aspect positif du volontarisme personnel revendiqué implicitement dans cet exposé.

 

Source

Robert Waldinger

Publié dans prévention

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