Je prends de l’âge, ça se soigne docteur ?

Publié le par Louis Lacaze

Je prends de l’âge, ça se soigne docteur ?

Une enquête a révélé qu’aux Etats-Unis les ventes de médicaments  visant à combattre les effets de la vieillesse avaient augmenté de 32% entre 2007 et 2011. Ils occupent la troisième place après les médicaments traitant le diabète et le cholestérol. Ils font l’objet d’un gigantesque effort publicitaire au nom du «vieillissement réussi » et de la longévité, comme s’il s’agissait là de marchandises banales.

L’augmentation la plus importante se rencontre chez les personnes âgées de 45 à 64 ans qui veulent lutter contre la calvitie, les rides, l’insomnie, la ménopause, les dysfonctions sexuelles, la baisse des  facultés intellectuelles, le besoin d’aller fréquemment aux toilettes, les fuites urinaires. Les médicaments concernant la maladie d’Alzheimer, les démences, les maladies aigues ou chroniques n’ont pas été pris en compte.

A partir de 65 ans la demande est identique avec une augmentation des médicaments censés corriger les dysfonctions sexuelles et une diminution des médicaments visant à améliorer les performances intellectuelles.

On doit noter que les dépenses entraînées sont élevées. Que tous les médicaments peuvent avoir des effets secondaires et qu’il est important de prendre en considération leurs avantages et leurs inconvénients.

Le Dr Hadler, professeur de médicine à l’université de Caroline du Sud pense qu’une personne âgée doit considérer que les changements qui accompagnent la vieillesse sont normaux, non pathologiques, qu’il faut apprendre à les accepter plutôt que livrer une bataille perdue d’avance. Pour lui les défis que suscitent le vieillissement et la fin de la vie peuvent être relevés avec sagesse, dignité et confiance.

Commentaires de Bernard Pradines 

Comme toujours, les arguments opposés exposés ci-dessus doivent être nuancés. C’est bien  aux médecins, en particulier aux gériatres, de distinguer ce qui relève de la vieillesse et des changements « normaux » d’une part et des maladies accessibles aux traitements d’autre part. Une immense et complexe tâche. Une discussion éternelle que nous avons maintes fois développée ici. La vieillesse serait tout ce qui ne peut pas être médicalement traité, la maladie et les traumatismes occupant le champ restant. Nous avons déjà proposé que cette frontière est mouvante, la vieillesse d’autrefois relevant souvent de la pathologie d’aujourd’hui à mesure que la médecine  progresse, identifie les pathologies et propose des thérapeutiques.  Que certains entretiennent encore plus de confusion pour vendre des médicaments à des vieux qui souffrent de vieillesse ne nous étonne pas : il n’y a pas de petit profit.

Sources : Judy Graham, The New York Times,  http://newoldage.blogs.nytimes.com/2012/11/14/fighting-off-age-at-the-pharmacy-counter/  Novembre 2012.

J. Graham s’est inspirée du livre du Dr Hadler “ Rethinking Aging: Growing Old and Living Well in an Overtreated Society(University of North Carolina Press, 2011).

On trouve un bref résumé (en français)  du livre sur  http://www.amazon.ca/Repenser-vieillissement-Nortin-M-Hadler/dp/2763798276 .

 

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