Faut-il juger les personnes âgées ?

Publié le par Bernard Pradines

Faut-il juger les personnes âgées ?

Ne pas juger ! Voici une recommandation constante de la doxa soignante. Un axiome affirmé dès l’enseignement initial, puis repris dans la littérature professionnelle et dans diverses formations.

Oui, nous voulons tourner la page des attitudes discriminatoires qui nous ont fait honte. Les mots inscrits au fronton de la République nous préservent-ils enfin de tout jugement négatif ? Gageons qu’un SDF est traité comme un ancien PDG, un vieil alcoolique comme une infirmière en retraite, le balayeur de la première immigration comme l’ancien directeur de votre hôpital, etc.

Soit.

Pourtant, est-il possible de considérer de manière égale d’une part celui qui a mené une vie exemplaire à nos yeux, d’autre part celui qui a délaissé sa famille ou maltraité son épouse, un autre qui a battu ses enfants ou encore celui qui en a abusé ? Bien sûr, la validité de notre information doit toujours être sujette à caution du fait des fréquents conflits dans les familles : qui nous rapporte quoi et pourquoi ? Il n’en reste pas moins que la vie de certaines personnes âgées peut nous inspirer des sentiments de rejet, voire de dégoût. Ici, l’absence de jugement signifierait le défaut de valeur de référence, ce qui est impossible.

Aussi, plutôt que de « ne pas juger », il conviendrait de se demander bien davantage « ce que nous faisons de notre jugement ». Quelle attitude en déduisons-nous ? Saurons-nous toujours demeurer empathiques ?

Publié dans éthique

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