Les deux, mon Général

Publié le par Bernard Pradines

Régulièrement un débat fait surface : les EHPAD (anciennes maisons de retraite) sont-ils des lieux de soins ou des lieux de vie ? La question s’accompagne d’une réponse quasi-unanime : les EHPAD, dont le public ne connaît généralement pas la signification de l’acronyme, sont trop médicalisés au détriment de la « vie » des anciens.

Un peu comme si l’on rejoignait un autre increvable débat sous-jacent : la vieillesse est-elle une maladie ? Une discussion qui devrait pourtant être close depuis longtemps tant il semble évident que la vieillesse s’accompagne plus souvent de maladies que les autres âges de la vie. Et que la dépendance est liée aux pathologies et à l’avance en âge. Sans parler de l’augmentation de l’exigence de soins médicaux et paramédicaux, à domicile et en établissements. Evident, mon cher Watson.

Débattons plutôt du dosage respectif à effectuer et surtout des carences multiples dans ces domaines. Qui décide et surtout sur quels critères ? Doit-on choisir les clients de l’EHPAD au risque de sélectionner les seules personnes compatibles avec les missions souhaitées par l’EHPAD ? Ou bien adapter les établissements à la demande croissante, solution bien plus sage. Par exemple en conservant les indispensables soins de longue durée (anciens longs séjours) pour les personnes qui requièrent une surveillance en milieu hospitalier.

Un autre débat annexe revient aussi : les EHPAD doivent-ils accueillir seulement des personnes dépendantes ou bien être ouverts à tous ? Une fois de plus, il faudrait choisir ses vieux et décider de leurs besoins ! Un combat perdu d’avance sur le plan humain, même s’il peut produire des effets tangibles au niveau financier pour les établissements qui s’y adonnent.

 

Publié dans EHPAD, éthique

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C
Comment dissocier les soins et la vie puisque le soin est le premier art de la vie MF Colliere.<br /> La prise en charge de nos aînés, même si le mot ne me convient guère, a été laissé au monde marchant, ce processus est engagé déjà depuis bien longtemps et se continue, il fait fi de la notion de "prendre soin" et broie tout ce qui s'y trouve, les personnes âgées les familles et le personnel soignants et non soignants, car optimisation, rentabilité et remplacabalité y sont les maîtres mots.<br /> Les personnes âgées y subissent de la maltraitance , la première étant institutionnelle, les familles souffrent et le payent souvent très cher et les soignants sont dans un non sens...de quoi devenir fou...
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B
Merci pour votre témoignage que je partage. J'ai simplement voulu pointer un débat très fréquent et des termes en rapport. Il faudrait faire de la vie car la vieillesse n'est pas une maladie. Il faudrait démédicaliser la fin de la vie. Dernière trouvaille entendu la semaine dernière dans une journée soignante : il faudrait mettre fin à la dictature médicale. Bon, c'est vrai que es médecins ont encore de grands progrès à faire pour travailler en équipe. Mais quand même....
G
Et bien moi j'en connais qui ne sont pas des lieux de vie!!! Plutot un mouroir !! Les pauvres personnes agees n'ont rien pour se distraire, aucune animation, ni sorties. Elles ne font qu'attendre l'heure du repas pour se retrouver!!! Je trouve cela honteux, manque de personnel et surtout pas du tout qualifie !!!
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P
C'est parce que vos avez raison qu'il faut témoigner sans cesse,sans se décourager. Ce blog est aussi à cet effet.<br /> En effet, il est très difficile de se mettre devant cette réalité.
C
Bonjour,<br /> <br /> "...Régulièrement un débat fait surface : les EHPAD (anciennes maisons de retraite) sont-ils des lieux de soins ou des lieux de vie ? ..."<br /> <br /> Et la première difficulté ne réside- t-elle pas dans le fait que personne ne veut choisir entre lieu de vie et lieu de soins?<br /> <br /> Je reprends l'exemple apporté par Nolwen:<br /> <br /> "...mais la vie au quotidien reste pour le résident une attente permanente :attente pour aller aux toilettes, pour avoir des soins de nursing, attente pour être raccompagné en chambre et aidé pour le coucher...De plus après avoir bien attendu, il n'a le droit qu'à quelques minutes d'attention..."<br /> <br /> Attente, Pourquoi?<br /> <br /> Parce que, entre autres raisons bien sûr,<br /> <br /> L' organisation du travail au sein d'un EHPAD est d'abord celle d'un lieu de soins. Cette architecture n'est rien d'autre qu'une photographie des décrets de compétence des uns et des autres.<br /> <br /> Accompagner une personne aux toilettes c'est le travail de l'aide soignante. <br /> <br /> Et si c'était l'affaire de tous?<br /> <br /> Et si c'était l'affaire de tous de répondre à l'appel de la personne âgée qui demande seulement de l'aider à aller sur les toilettes?
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N
Infirmière en Ehpad depuis 9 ans et précédemment, 7 ans en long séjour, je pense que la charge de travail ne permet pas de dire que les Ehpad sont des lieux de vie. Tout y est fait pourtant pour y faire rentrer cette vie: bénévoles, spectacles, rencontres intergénérationnelles....mais la vie au quotidien reste pour le résident une attente permanente :attente pour aller aux toilettes, pour avoir des soins de nursing, attente pour être raccompagné en chambre et aidé pour le coucher...De plus après avoir bien attendu, il n'a le droit qu'à quelques minutes d'attention. Par ailleurs le manque de moyens humains, ne permet pas d'analyser correctement ce qu'il sait,veut et peut encore faire donc le résident, souvent, subit la situation. Même si certaines facultés de ces résidents sont altérées, ils ont encore des envies et des besoins quelque soit leur niveau d'autonomie. Ne parlons plus de dépendance de la personne mais de niveau d'autonomie, et alors le travail auprès de ces résidents en sera allégé.Les Ehpad sont aussi des lieux de soins, mais la politique actuelle fait que pour avoir des moyens financiers et humains, il faut rentrer dans des grilles Agir et pathos qui analyse seulement les besoins par rapport à la dépendance et non par rapport à l'autonomie (Pour être subventionné, il faut avoir des résidents dépendants mais pas trop ...car trop dépendants veut dire trop chers pour la sécu et l'établissement )....En bref un résident en Ehpad est une personne moins autonome, qui souvent n'a pas décidé d'y rentrer, qui doit faire le deuil de son corps, de sa maison, de ses souvenirs et souvent de ses amis. Nous devons être acteur dans cet accueil et les accompagner, faire entrer la vie par une vision positive de ses résidents.Le résident n'est pas qu'une toilette, un pansement, une pompe d'apokinon....mais encore faut il nous donner du temps avec lui, prendre le temps n'est pas quantifiable et donc ne fait pas partie des objectifs politiques actuels, c'est dommage ! En ayant plus de temps et plus de personnel ,nous pourrions ouvrir les Ehpad à tous.
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P
Merci Nolwen pour ce témoignage. Souhaitez-vous que nous communiquions plus avant pour que votre commentaire se transforme en article sous pseudonyme ?