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Des camps de concentration ? Non.

Publié le par Bernard Pradines

Publié dans EHPAD, maltraitance

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Bulletin d'humeur

Publié le par La Rumeur

Lorsqu'un jeune soignant croise la fin de la vie, cela peut orienter définitivement sa carrière : dix ans d'oncologie et dix ans de gérontologie, le tout émaillé de plusieurs expériences de soins palliatifs : unité de soins palliatifs (USP), lits identifiés soins palliatifs (LISP) et équipe mobile de soins palliatifs (EMSP) à l’exclusion de l’exercice libéral. Sans être un soignant d'exception, j'ai quand même goûté suffisamment à cette discipline pour savoir que je suis fait pour cela.

Pour exercer en gérontologie, je sais que les budgets ne seront jamais aussi importants que pour les services de pathologies aigues des grands hôpitaux (médecine, chirurgie, obstétrique et plateaux techniques). Pour suivre l'actualité, je sais le trou de la Sécurité Sociale, la faillite de la France, la tarification à l'activité (T2A).

Mais nos aïeux n'ont-ils pas cotisé toute leur vie ? N’ont-ils pas, pour certains d’entre eux, risqué leur vie pendant des conflits ? Ne se sont-ils pas saignés pour nous permettre de devenir ce que nous sommes ?

La seule réponse palliative que nous leur proposons, c'est le LISP, acronyme qui cache une réalité économique : on fait du soin palliatif sans aucun moyen. Une des choses qui marque la lente fin de la vie d'un individu, c'est la modification de l'espace-temps. Le mourant a besoin de plus de temps pour recevoir des soins respectueux des nombreuses défaillances corporelles, mais aussi pour accompagner son cheminement psychologique et spirituel vers sa mort, pour lui permettre de vivre ces moments le plus confortablement avec son entourage. Oui, accompagner prend du temps, offrir cette disponibilité rend cette mort digne et apaisée.

Mais le temps, c'est de l'argent. Dans les nombreux établissements pour personnes âgées, les équipes font de leur mieux pour offrir ce qui est possible. On doit diminuer le temps de présence auprès des autres personnes pour en donner à celui qui en a le plus de besoin. On assiste à une solidarité générationnelle des aînés et non à la solidarité intergénérationnelle de la société ! On a oublié nos vieux, sans parler du mal-être, de la culpabilité des soignants et des familles.

Si je devais comparer la fin de vie en gériatrie à une publicité, je choisirais celle du « Canada Dry », la boisson post-prohibition, qui avait pour slogan : « ça ressemble à l’alcool, c’est doré comme l’alcool… mais ce n’est pas de l’alcool ».

Le politiquement correct interdit de le mettre sur la place publique mais il faut aussi savoir ceci : la réalité de la prise en charge palliative hors EMSP et USP n’est pas idyllique.

Le 11 octobre, c’était la journée mondiale des soins palliatifs, sauf que nos LISP et nos vieux resteront hors du monde. Surtout si nos LISP n’ont de « soins palliatifs » que le nom.…

Publié dans soins palliatifs

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