La Bible dévoilée ?

Publié le par Bernard Pradines

La Bible dévoilée ?

Aider ses parents à la fin de leur vie est-il un honneur qu’on leur procure ? Et permettrait-il de vivre plus longtemps ? Une hypothèse, en tous cas que la Bible pourrait avoir affirmée comme vraie.

Si l’on en croit Wikipédia[1], le décalogue inclut l’injonction suivante :

« Honore ton père et ta mère, afin que tes jours se prolongent dans le pays que l'Éternel, ton Dieu, te donne. »

De la même manière, le cinquième commandement du décalogue est ainsi présenté par la Conférence des Évêques de France [2]:

 « Honore ton père et ta mère, afin d’avoir longue vie sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu. »

La Bible avait-elle pressenti une réalité liée aux bénéfices de l’aide : vivre plus longtemps ? Pourtant, l’idée dominante actuelle est celle d’aidantes et d’aidants mourant volontiers avant la personne aidée. Une étude parue en 1999 avait sonné l’alarme dans ce sens (Schulz et Beach, 1999), bien que le nombre de personnes aidantes décédées au cours de l’étude fut faible : 103. Les auteurs constataient un accroissement de 63 % de la mortalité des aidant(e)s par rapport à des personnes non aidantes ou qui ne se sentaient pas éprouvées par l’aide. Il est vrai que l’étude ne portait que sur des conjoint(e)s aidant(e)s âgé(e)s de 66 à 96 ans. De plus, il s’agissait d’aidantes et d’aidants assumant une charge dont ils se sentaient éprouvés.

Depuis 1999, des résultats différents, voire opposés, ont été publiés. Ainsi, pour Perkins (Perkins et al, 2013), ce n’est pas l’aide en soi mais le stress intense vécu par l’aidant(e) qui conditionne une augmentation de la mortalité par rapport aux non-aidant(e)s. Une situation qui ne se retrouve pas chez les aidant(e)s déclarant un stress faible.

Mieux, une étude plus récente tend à démontrer un bénéfice de l’aide sur l’espérance de vie. O’Reilly (O’Reilly et al, 2015) fait état d’une moindre mortalité, quelle que soit l’intensité de l’aide mais plus significative en cas d’aide inférieure à cinquante heures par semaine.

En conclusion, dans un contexte de valorisation de l’aide, peut-on penser que les auteurs de la Bible auraient constaté un allongement de la durée de la vie des aidant(e)s qu’ils auraient -à tort ou à raison- attribué à Dieu ? Une durée de vie dont l’augmentation témoignerait de la congruence avec des valeurs fortes d’une société ? Une motivation à vivre pour aider  l’autre ?

Il conviendra à l’avenir de s’intéresser aux différentes situations d’aide selon les âges, les pathologies accompagnées, les diverses ressources et le stress évoqué par les aidant(e)s. En se gardant toujours d’une enthousiasme qui serait suscité par des études commandées par des institutions étatiques qui sont préoccupées par le coût de l’aide professionnelle et pourraient vouloir dédramatiser celle des proches aidant(e)s.

Références :

Schulz R, Beach SR. Caregiving as a risk factor for mortality: the Caregiver Health Effects Study. JAMA. 1999 Dec 15;282(23):2215-9. doi: 10.1001/jama.282.23.2215. PMID: 10605972.

Lien ci-dessous :

Perkins M, Howard VJ, Wadley VG, et al. Caregiving strain and all-cause mortality: evidence from the REGARDS study. J Gerontol B Psychol Sci Soc Sci. 2013;68(4):504-512

Lien ci-dessous :

Dermot O’Reilly, Michael Rosato, Aideen Maguire, David Wright, Caregiving reduces mortality risk for most caregivers: a census-based record linkage study, International Journal of Epidemiology, Volume 44, Issue 6, December 2015, Pages 1959–1969

Lien ci-dessous :

Publié dans aidants, famille

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R
Si l'aide incontestablement enrichit l'âme, elle épuise le corps. Le burn out d'aidants est incontestable, quant aux bénéfices ... il aboutit plus souvent à des cas de conscience déchirants : prendre soin de soi ou prendre soin d'autrui en priorité ?: C'est cornélien comme choix, et pourtant la survie exige que l'on se choisisse soi-même !
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B
Oui, il s'agit bien, si bénéfice, de charges relativement modérées. Et probablement gratifiantes. De nombreux facteurs interviennent, au cas par cas, qui interdisent toute déduction hâtive.