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Electronique et seniors. Le mieux peut être l’ennemi du bien.

Publié le par Papi

Electronique et seniors. Le mieux peut être l’ennemi du bien.

Les media se font de temps à autre l’écho de prouesses électroniques censées simplifier et sécuriser le suivi des seniors. De nombreux gériatres sont  dubitatifs. Voici deux exemples.

Surveillance électronique installée au domicile.

La famille peut recevoir sur un iPhone des séries de message indiquant l’heure du lever, les déplacements dans la maison, la prise des médicaments. Mais il y a un problème : les seniors ne vont pas supporter d’être surveillés comme des bébés par leurs enfants. Ce matériel par ailleurs ressemble aux bracelets qui équipent les délinquants en liberté surveillée.

Contrôle automatique et continu du pH des urines

Un pH trop bas permettrait de démarrer immédiatement un traitement par antibiotiques. Mais ces traitements peuvent faire plus de mal que de bien quand ils ne sont pas justifiés.

Le gériatre cherche à diminuer le plus possible l’impact que peut avoir une maladie chez les seniors. Découvrir précocement un trouble ne signifie pas qu’il doive nécessairement être traité s’il n’entraine pas de conséquences graves sur l’état du patient.

Une technologie ne remplacera jamais une empathie de qualité. Un soignant doit toujours s’interroger sur les effets éventuels d’une innovation technologique : va-t-elle améliorer la qualité de vie d’une personne âgée ou la perturber ? Seul ce critère est à retenir.

Sources

  •         Technology Will Transform Care for Older People: Truth or Hype? (Hint: HYPE) 

Proposé par papi http://www.geripal.org/2015/09/technology-will-transform-care-for.html?utm_source=feedburner&utm_medium=email&utm_campaign=Feed%3A+Geripal+%28GeriPal%29

 

Publié dans technologie, éthique

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Démence et déraison : nous aussi ?

Publié le par Bernard Pradines

La démence (1) dérange tout le monde : en premier lieu le patient qui en souffre, sa famille et les professionnels du soin à domicile et en établissement. C’est la déraison qui est perturbante, dans le sens où la personne souffrant de troubles cognitifs sévères ne peut pas s’adapter rationnellement à son environnement comme cela serait le cas dans d’autres affections organiques. Il serait confortable de penser qu’il y a un fossé entre elle et nous, une frontière protectrice qui nous préserve de sa situation.

Pourtant, une question demeure : existe-t-il une continuité entre les idées et sentiments des personnes âgées démentes et ceux des personnes âgées dites normales ?

Un exemple significatif nous est fourni par le placement en établissement. Cette situation est redoutée  peu ou prou par toutes les personnes qui y sont soumises. La seule différence entre la personne démente et la plupart des personnes dites raisonnables est la modalité de leur refus. Pour les dernières, c’est un rejet teinté de résignation car elles sont capables de « se raisonner ». Pour la première, cela peut être une totale incompréhension faisant le lit d’attitudes d’oppositions multiples visant d’abord à protester contre le fait de se trouver dans un lieu indu.

A 96 ans : « je vais voir ma mère » ; qui d’entre nous n’a pas rêvé de revoir ses proches disparus ? Une telle promesse n’est-elle pas incluse dans notre culture religieuse, que nous l’assumions ou non.

En établissement : « je veux rentrer chez moi » ; qui ne le souhaite pas après une longue période d’absence hors de chez soi ?

Le matin : « je vais travailler » ; combien sommes-nous à entretenir le culte du travail de bon ou de mauvais gré ? Dans notre pays rural, c’est souvent le bétail qu’il convient de faire entrer à l’abri, de nourrir ou de traire.

Vers la fin de l’après-midi : « je dois aller chercher les enfants à l’école » ; qui ne se soucie pas ou ne devrait pas se préoccuper de ses enfants sur le chemin entre l’école et la maison ?

Au fond, la personne démente est notre prochain. Elle est l’autre nous-même exprimant des désirs et des impératifs qui sont les nôtres. Simplement, en semblables circonstances, nous les tairions car nous les saurions irréalisables. Ecouter les personnes démentes, c’est entendre nos propres aspirations, nos espoirs transfigurés mais toujours présents jusqu’au bout de la vie.

  1. Démence : ce mot est employé ici dans le sens médical du terme et non dans son acception littéraire ou habituelle.

Publié dans démences

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