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Comment trouver les mots justes pour répondre aux questions des patients

Publié le par Louis Lacaze

Comment trouver les mots justes pour répondre aux questions des patients

Les mots ont de l’importance. Nous savons que les patients boivent nos paroles qui peuvent soit soulager, réconforter, apporter de l’espoir, soit décourager, blesser, être mal interprétées. Contrairement aux acteurs, nous ne pouvons pas consulter un script de référence. Les mots jaillissent de notre sensibilité, de notre culture, de notre passé professionnel  et de notre perception du patient en face de nous.

Les mêmes questions reviennent constamment. « Docteur, est-ce qu’on peut guérir mon cancer ? » Si on peut guérir un certain nombre de maladies et en contrôler d’autres, le patient ne va pas se satisfaire face à un cancer d’une réponse suggérant une transformation de la maladie en affection au long cours suivie par un traitement plus ou moins handicapant. D’où la question suivante : « Docteur, si c’était vous, que feriez-vous ?"

La réponse à cette question ne peut qu’être teintée par les convictions personnelles du praticien alors que chaque patient est conditionné par des désirs, des convictions, un contexte socio-économique, une attitude personnelle devant la souffrance et la mort. Le moment est venu de fermer l’ordinateur, d’écouter le patient, de prendre en compte ses choix, ses émotions puis de réagir avec une sincérité convaincante.

Les cancérologues américains peuvent suivre des stages de perfectionnement des techniques de communication leur permettant d’améliorer leur choix des mots, leur prise de parole, ce qui est tout bénéfice à la fois pour le praticien et pour le patient.

Commentaire de Bernard Pradines : je retiens de ce texte l'évocation rare de l'influence socio-économique sur la pratique médicale; une reconnaissance intéressante tant il conviendrait trop souvent de séparer ces deux domaines pourtant totalement interdépendants.

Source

DrPrateek Mendiratta cancérologue Finding the right words for my patients’ hard questions

Words matter. We use words every day with our patients along their cancer journey, and we can’t forget that our patients hang on to every word we use. These words can heal, provide comfort, and embolden hope; our words can also cause harm and be misinterpreted, leading to damaged relationships with our patients.

Publié dans soignants, gériatrie, médecin

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Les statistiques n’auraient pas le monopole des biais en médecine

Publié le par Louis Lacaze

Les statistiques n’auraient pas le monopole des biais en médecine

Au cours d’un entretien avec des gériatres, le Pr Kimberley Curseen, interniste, spécialiste de soins palliatifs, donne sa conception d’un biais, notion généralement utilisée dans la critique des études cliniques. Si le biais est implicite, il définit les pensées subconscientes qui ont constamment une influence sur notre comportement. Si le biais est explicite, nous avons une perception correcte d’une situation, d’une personne mais notre comportement nous est dicté par des idées préconçues, par nos opinions personnelles.

Le biais se rencontrerait constamment en gériatrie. Le médecin qui reçoit un couple âgé aurait tendance, au fil de la consultation, à ne s’adresser qu’au mari et devra donc se surveiller. S’il reçoit un patient avec un tatouage dérangeant sur le bras, il pourra en éprouver une gêne alors qu’il ignore dans quelles circonstances, à quelle époque de la vie ce tatouage a pu être effectué. 

Avoir conscience de ses biais représente la première étape essentielle. Plongé dans une société qui idéalise la jeunesse, l’énergie, le gériatre devra dominer cette culture enfouie dans son subconscient. Il doit pouvoir aller à la rencontre d’un senior, apprendre à le connaître, définir son profil médical, poser des questions. Si le patient voit que le médecin s’intéresse sincèrement à son cas, demande qu’on l’aide à l’explorer, il n’hésitera pas à donner un maximum d’information.

  Pendant la consultation, le gériatre peut être amené à surveiller son langage, ses gestes. S’obliger à se pencher en avant s’il est tenté de reculer. Par la suite il pourra commencer à se détendre, se livrer à une gymnastique mentale : qu’avons-nous en commun ? Le désir sinon de guérir du moins de contrôler un problème de santé. Ensemble nous allons prendre des décisions pour atteindre ce but.          

Commentaires de Bernard Pradines.

Cette publication a le mérite d’attirer l’attention sur l’importance de la subjectivité dans deux domaines différents : d’une part celui de la conception des études cliniques ou épidémiologiques et surtout de l’interprétation qui en est faite à partir des résultats. D’autre part, l’influence de cette même subjectivité sur la relation humaine dans le soin auprès des personnes âgées. Cette convergence étant posée, il faudra admettre que de nombreux éléments vont être différents entre ces deux situations.            

Source

Publié dans éthique, gériatrie

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