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Hospitalisations : un vécu personnel (3)

Publié le par Bernard Pradines

Image issue de http://convergence-ncn.com/

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Introduction commune aux articles sur ce thème :

En plusieurs épisodes, je tenterai de raconter à mes lecteurs quelques expériences de mon passé de médecin malade lors de mes quatorze hospitalisations. Mon but est d’abord de témoigner du ressenti d’un professionnel au contact des soignants qui constituent son univers connu, des collègues potentiels de travail. Il est aussi, à un moindre degré, de démystifier l’idée selon laquelle les médecins seraient obligatoirement mieux traités que le commun des mortels. Il est surtout d’identifier des situations de soins qui demandent une amélioration future.

Pour rappel, je fus praticien hospitalier, spécialiste dans deux domaines : l’anesthésie-réanimation et la gériatrie.

J’ai alors 54 ans et je viens de subir une prostatectomie par voie endoscopique ou, pour parler comme les non-initiés, l’ablation de la prostate par les voies naturelles [1].

Je viens de sortir de la salle de réveil et je suis dirigé vers un secteur postopératoire où je passerai la nuit. Toujours soucieux d’observer l’univers du soin, je ne dis à personne que je suis médecin, ce qui finira par se savoir, probablement par l’anesthésiste et le chirurgien. Je suis accueilli sur un brancard-lit et immédiatement monitoré. Ce qui veut dire en bon français que l’on surveille en continu, sur un écran, ma tension artérielle par intervalles courts, mon électrocardiogramme et la saturation de mon sang artériel en oxygène (SaO2). Etant inconfortable, douloureusement lombalgique du fait de ma position à plat dos maintenue longuement (décubitus dorsal), je demande à pouvoir me tourner un peu vers le côté, ce que l’infirmière me refuse. Puis elle installe les barrières de lit, dispositif qu’elle n’applique pas à mon voisin de chambre ayant pourtant subi la même intervention chirurgicale que moi. Poliment, je fais savoir que je ne pense pas en avoir besoin car je me repère bien dans l’espace. La réponse vient alors, toute naturelle, avec un petit sourire en coin : « Vous avez vu votre volume ? ». Il est vrai que je me situais, alors, pas loin du quintal pour une taille de 1,72 m.

Dans le prochain article de cette rubrique, je vous raconterai la nuit et le lendemain matin.

[1] On peut se rapporter à : « Hospitalisations : un vécu personnel (1) » et à « Hospitalisations : un vécu personnel (2) »

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Hospitalisations : un vécu personnel (2)

Publié le par Bernard Pradines

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Introduction commune aux articles sur ce thème :

En plusieurs épisodes, je tenterai de raconter à mes lecteurs quelques expériences de mon passé de médecin malade lors de mes quatorze hospitalisations. Mon but est d’abord de témoigner du ressenti d’un professionnel au contact des soignants qui constituent son univers connu, des collègues potentiels de travail. Il est aussi, à un moindre degré, de démystifier l’idée selon laquelle les médecins seraient obligatoirement mieux traités que le commun des mortels. Il est surtout d’identifier des situations de soins qui demandent une amélioration future.

Pour rappel, je fus praticien hospitalier, spécialiste dans deux domaines : l’anesthésie-réanimation et la gériatrie.

J’ai alors 54 ans et je viens de subir une prostatectomie par voie endoscopique ou, pour parler comme les non-initiés, l’ablation de la prostate par les voies naturelles [1]. Après l’intervention, je suis dirigé vers la salle dite de réveil. Etant d’emblée conscient, j’observe ce qui se passe dans cette pièce destinée à la surveillance post-opératoire des patients qui viennent de subir une intervention chirurgicale. Les personnels vaquent à leurs occupations qui consistent surtout à effectuer des rangements de dispositifs médicaux. Ils sont corrects bien que peu enclins à se tenir un peu à côté des malades. Tout semble calme jusqu’à ce qu’un homme âgé entre à son tour au retour du bloc opératoire. Il vient d’être opéré d’un membre inférieur et clame sa douleur en langue occitane, ce qui pourrait phonétiquement parlant donner ceci : « qué mé doll aquélo p… dé cambo » à traduire complètement par « que cette p… de jambe me fait mal ». Il crie de plus en plus fort et continue à jurer contre son membre douloureux. Et là, stupéfaction, un homme en blouse blanche, de profession indéterminée, lui crie dessus au pro rata de sa plainte afin d’en couvrir l’expression ! Il lui est asséné que cela suffit et qu’il doit se taire ; je n’entends aucune parole d’empathie ou même de promesse d’être calmé de manière adéquate. Je quitte cette pièce sous l’impulsion vigoureuse d’un brancardier qui envoie brutalement mon brancard percuter la paroi de l’ascenseur.


[1] On peut se rapporter à : « Hospitalisations : un vécu personnel (1) »

 

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