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Critères de sélection des personnels en EHPAD en France : soumission et docilité face aux cadences infernales

Publié le par C.R.

L'auteure de ce texte : C. R. diplômée en 2010 de la Haute Ecole de Travail Social de Genève en accompagnement des personnels d’encadrement en établissements de santé.

 

Certes, on peut comprendre la propension d’un employeur à diriger des employées dociles qui ne se révoltent jamais. On peut aussi s’interroger sur les critères de sélection du personnel qui sont principalement fondés sur la soumission en toutes circonstances.

 

Pire, une fois embauchées, les directions utilisent celles dont le tempérament incline à la soumission pour lutter contre les insoumises en faisant valoir que celles qui sont les plus rapides sont les « meilleures ». Celles-ci - entendez les plus véloces - sont souvent les plus soumises.
Cette attitude s’accompagne bien sûr de la dévalorisation des plus lucides parmi les membres du personnel. Je faisais hélas partie de celles-ci ; cadre de santé ayant exercé durant plus de dix années en maisons de retraite, détentrice d’un diplôme suisse d’accompagnement du management en santé, j’ai pu apprécier les méthodes managériales. J’ai vu trop de membres du personnel s’abimer la santé ; les conséquences fréquentes étaient des dorsalgies, les lombalgies et pire, les lumbagos ou les sciatiques, les déchirures musculaires au niveau de l’épaule, les fractures de fatigue, les paralysies faciales imputables au stress. Dans ce contexte, j’ai moi-même enduré des dorsalgies aigues avec comme résultat une immobilisation totale et l’obligation d’arrêt de travail. Je bénéficie pourtant d’un excellent dos entretenu par une longue pratique du yoga.

Les méthodes et pratiques de travail actuelles, pour un repas ou un coucher, imposent d’aller vite ; gare à celles qui se rebiffent ou affirment que le temps imparti par l’employeur est trop court ! Si une soignante n'arrive pas à faire avaler un contenu d'assiette, elle est jugée incompétente par la direction. En ce cas, indubitablement, il vaut mieux être capable de forcer les malades !

Ceci vaut aussi dans les associations d’aide à domicile dont les pratiques sont exactement semblables.

Les attitudes autoritaires du personnel criant sur les malades souffrant de troubles de la compréhension sont tacitement acceptées ; par contre, celles qui protestent contre de telles postures sont soupçonnées d’être des mauvaises soignantes, incapables de faire preuve d'autorité sur les résidents. Prendre exemple sur la plus expéditive est bien vu. Bien sûr, ne pas suivre son modèle expose au dénigrement systématique.

 


Les employeurs ne respectent plus l'obligation des visites médicales annuelles en totale ignorance de la législation du travail. La loi, quant à l’obligation d’un suivi ou d’une écoute de santé, n’est plus respectée.

C'est une façon d'empêcher toute plainte ou questionnement sur des symptômes ; une manière supplémentaire de faire plier les récalcitrantes.
 

Le personnel n’a plus guère les moyens de se protéger. Et ce n’est pas la médecine du travail qui parviendra à les aider ! Ce service est rétribué par l’employeur, ce qui permet l’achat du silence.

J’ai vu des « accidents du travail », voire des arrêts de travail non comptabilisés dans les statistiques transmises à l’Agence Régionale de Santé. C’était ainsi nier, et même cacher tout impact du travail sur l’état de santé du personnel.

 

Bien entendu, la non-considération de la souffrance morale du personnel était souvent au rendez-vous ! Sans compter la tricherie des psychologues et des psychiatres sur cette dimension de la souffrance.

 

Ainsi, le personnel n’est pas recruté sur sa valeur professionnelle mais sur sa capacité à rester soumis et à se plier à toutes les volontés de l’employeur.

 

L’explication est simple : derrière cette situation délétère se profilent des groupes d’EHPAD qui se concentrent et s’internationalisent en profitant des politiques néolibérales actuelles. Ce n’est pas une insulte mais un constat d’écrire que les administrations publiques sont écrasées par l’injonction d’économies à tout prix. Et que les actionnaires du secteur privé, loin de voir la souffrance humaine, recherchent un profit financier.

 

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Attention fauteuil !

Publié le par Christiane Réal

Le choix des fauteuils doit être adapté aux besoins des personnes âgées dépendantes. L’entreprise commercialisant les fauteuils n’a pas obligatoirement effectué des tests avant la mise en vente. Une grosse commande groupée et inadaptée peut alors s’avérer catastrophique. Le risque de chute s’accroît. Exemple : si l’accoudoir est trop bas situé, une chute sur le côté devient possible, voire probable.

Les circonstances en sont bien connues ; la somnolence est liée à l’apathie, à la consommation de médicaments psychotropes ou encore tout simplement à l’asthénie dans un contexte fréquent de fatigue chronique. Il vaudrait mieux parler d’épuisement tant la station prolongée au fauteuil peut être accablante pour les plus vulnérables. Une autre raison habituelle en est tout simplement une hypotension orthostatique méconnue chez des patients qui ne sont plus soumis à leurs conditions de vie et à l’alimentation qui leur étaient coutumières ; pourtant, le traitement antihypertenseur n’a pas été forcément diminué pour autant. Dramatique quand on sait que le personnel ne peut pas surveiller en permanence les assoupissements dans les fauteuils.

Confronté à une fracture de l’extrémité  supérieure du fémur ou à toute autre lésion dans  de telles circonstances, il ne vous restera plus qu’à cacher ou à déformer la vraie cause auprès des familles.

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