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politique

Ce n’est pas la douleur mais la détresse existentielle qui motiverait les patients qui sollicitent un suicide assisté

Publié le par Louis Lacaze et Bernard Pradines

Le Dr Jack Kevorkian tient une conférence de presse après s’être emprisonné dans un carcan de sa fabrication avant d’être inculpé par la justice à Pontiac, Michigan, le 14 septembre1995.

Le Dr Jack Kevorkian tient une conférence de presse après s’être emprisonné dans un carcan de sa fabrication avant d’être inculpé par la justice à Pontiac, Michigan, le 14 septembre1995.

Au cours des années 80 et jusqu’en 1990, Jack Kevorkian, médecin canadien, a « aidé » 130 personnes à mourir avant d’être condamné à huit ans de prison pour meurtre « au premier degré ». Le temps a passé et actuellement la Belgique, la Hollande, la Suisse, le Canada  et certains états américains ont légalisé le suicide assisté.

Une question fondamentale se pose : comment une personne fait-elle son choix entre la vie et la mort ?

La conclusion d’une étude canadienne publiée dans The New England Journal of Medecine a pu surprendre : les 74 personnes de l’étude avaient préféré terminer leur vie pour mettre fin à une souffrance psychologique et non physique, même lorsque les soins palliatifs et les fortes doses d’opiacés ne calmaient pas la douleur. Des chercheurs ont utilisé le terme de « détresse existentielle » pour décrire leur cas. En majorité, ils sont instruits, avec une bonne aisance financière, ont réussi leur vie active et tiennent à continuer à prendre eux-mêmes leurs décisions, à ne dépendre de personne. Les chercheurs citent l’exemple d’un brillant intellectuel atteint d’une tumeur au cerveau qui refusait de perdre le contrôle de sa pensée. Des études ultérieures ont confirmé ce désir des patients de continuer à gérer leur vie jusqu’au dernier moment.

 

Commentaires de Bernard Pradines. Certes, il est toujours intéressant d’analyser les raisons invoquées par les individus à l’origine de leurs désirs et comportements. Pourtant, il manque ici la relation avec le monde qui nous entoure, élément essentiel à mes yeux pour comprendre les décisions individuelles, surtout celles qui revêtent la gravité évoquée ci-dessus. Si une société est fondée sur la performance, l’efficience, la rapidité, la vieillesse ne trouvera pas facilement sa place. Ajoutons-y des personnes qui ont été en position dominante tout au long de leur vie et le fossé se creusera un peu plus pour aboutir aisément à … une tombe.

 

Sources

 

Ariana Eunjung Cha  Choosing Death (The Washington Post)

Etudes citées :

 

Madeline Li, M.D., Ph.D. et al  Medical Assistance in Dying — Implementing a Hospital-Based Program in Canada

N Engl J Med 2017; 376:2082-2088May 25, 2017DOI: 10.1056/NEJMms1700606

http://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMms1700606

 

MAiD : Medical Assistance in Dying

After Canada legalized medical assistance in dying (MAiD), the University Health Network in Toronto implemented a hospital-based MAiD program. UHN offers a framework for assessing patients for and providing MAiD while respecting the rights of patients and staff.

 

Robert A Pearlman, MD, MPH et al Motivations for Physician-assisted Suicide. Patient and Family Voices

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1490083/

 

Physician-assisted suicide (PAS).

We conducted a content analysis of 159 semistructured interviews with patients and their family members, and family members of deceased patients, to characterize the issues associated with pursuit of PAS.

 

 

Arthur E. Chin, M.D. et al Legalized Physician-Assisted Suicide in Oregon — The First Year's Experience

http://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJM199902183400724#t=article

 

The Oregon Death with Dignity Act allows terminally ill state residents to receive prescriptions for self-administered lethal medications from their physicians.1 It does not permit euthanasia, in which a physician or other person directly administers a medication to a patient in order to end his or her life.

 

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Infirmières victimes des impératifs de rentabilité

Publié le par Louis Lacaze

Infirmières victimes des impératifs de rentabilité

Tous ceux qui ont eu l’occasion de côtoyer des professionnels de santé ont pu observer des situations conflictuelles entre les infirmières et l’administration des établissements. Les frictions portent principalement sur les salaires et les conditions de travail, en particulier sur le nombre de patients dont elles ont la charge. Des conditions de travail particulièrement pénibles peuvent conduire à des grèves, des démissions, des cas de burn-out chez celles qui s‘efforcent de résister à cette tension perpétuelle.

 

Constater que l’embauche d’une seule infirmière supplémentaire, qui améliorerait notablement les conditions de travail, est systématiquement refusée est exaspérant. Dans le même temps s’abat sur elles une avalanche de nouvelles directives, de formulaires à remplir sur ordinateur qui les éloignent de leur fonction de base : le contact avec les patients.

 

Ce contact exige une énergie peu commune. Elles doivent composer avec des patients difficiles, souvent aussi avec leurs familles. Elles doivent soulever des personnes deux fois plus lourdes qu’elles. Ce qu’elles voient et touchent pendant leur travail en ferait vomir plus d’un. Et elles restent agréables, compatissantes et efficaces pendant leur travail.

 

Des réformes s’imposent :

- Le nombre de patients à leur charge doit être limité par des normes précises qui seraient  strictement respectées.

- Leur charge de travail se limitera aux soins médicaux pour lesquels elles ont été formées.

- Les salaires doivent se calculer en fonction de la difficulté du travail effectué. Comme la profession d’infirmière est classée parmi les plus prestigieuses aux yeux du  public, le niveau des salaires doit aller de pair.

 

L’introduction d’une exigence de rentabilité maximum des services de santé a eu des conséquences insoutenables. Un changement d’orientation s’impose. Pourquoi ne pas envisager une évolution dans les EHPAD vers le rapport personnel-résident rencontré dans certains pays européens ?

 

  • Suneel Dhand interniste   
Ce que gagnent les infirmiers…en Suisse

 

Chiffres publiés cette semaine par la Haute École de Santé de Vaud et l’Université de Lausanne, cités dans la presse locale : « le personnel infirmier gagne en moyenne davantage (6446 francs net par mois*) que la population active en général (5161 francs).

*1 franc Suisse égale 0,85 euros

Publié dans politique, soignants

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