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Où voudrait-on mourir ?

Publié le par Louis Lacaze et Bernard Pradines

 

On entend couramment dire que deux-tiers des personnes aimeraient mourir chez elles ; toutefois, en fouillant un peu, on trouve des rapports aux conclusions divergentes. Le journal BMJ[1]  diffuse les résultats d’une étude du Dr Kristian Pollock (Pollock K, 2015) de l’université de Nottingham. A la suite de cette publication, le site américain Medpage se fait l’écho de nombreux avis spécialisés.

Les auteurs ont d’abord noté que, dans les formulaires de directives anticipées, beaucoup de personnes n’indiquent aucune préférence et qu’on ne propose que rarement des choix comme « cela dépend » ou « sans importance ». Par ailleurs, certaines personnes ne se sont jamais posé cette  question, pas davantage celle de savoir si leur famille pourrait les accompagner jusqu’à la fin.

Pollock conclut que la grande crainte est souvent la douleur précédant le décès. Beaucoup pensent qu’un établissement hospitalier est mieux à même de contrôler ce symptôme. Pour certains, le domicile risque de perdre son caractère privé s’il est envahi de matériel médical et de personnes étrangères à la famille. D’autres patients ou leurs familles pensent que la souffrance et la mort risquent de laisser une empreinte insupportable dans le domicile.

Le même auteur  insiste sur le danger d’une représentation du domicile comme étant le lieu idéal d’une fin de vie. Le risque est de déclencher ou d’aggraver un sentiment de culpabilité chez les personnes qui ne sont pas en mesure de garder près d’elles un parent jusqu’à la fin de ses jours.

Les professionnels interrogés par Medpage ont souligné que le décès à domicile est loin d’être toujours la solution la meilleure, qu’elle est loin d’être le choix préférentiel dans tous les cas. Certaines familles peuvent apporter des soins qualifiés et constants. Elles ont les ressources physiques et financières pour ce faire et se sentent valorisées par leur choix. Elles savent qu’une grande partie du matériel médical exigé pour le suivi d’un mourant peut s’installer à domicile, et que la douleur sera contrôlée dans la majorité des situations avec un encadrement du patient réactif et efficace, le recours ultime à l’hôpital restant toujours possible.

D’autres familles éprouvent trop de douleur et de désespoir pour pouvoir accompagner efficacement un parent proche jusqu’à la mort. Elles peuvent aussi ne pas être en capacité de lever le malade, faire sa toilette, administrer les médicaments. La solution d’une fin de vie en milieu hospitalier l’emportera.

Pour le Dr Pollock, il est urgent que la recherche médicale se concentre sur l’analyse des attentes de chaque patient en fin de vie et de sa famille, cherche comment améliorer la qualité des soins à domicile. Une enquête auprès de la famille après le décès pourrait révéler si la volonté du disparu avait toujours été respectée, si les soins apportés avaient été efficaces et si une aide psychologique parfois nécessaire avait été proposée.

Sources :

Experts Weigh In: Where Do People Want to Die?

http://www.medpagetoday.com/Geriatrics/GeneralGeriatrics/54014

Article d’origine à accès payant :

Pollock K. Is home always the best and preferred place of death? BMJ. 2015 Oct 7;351:h4855.  http://www.bmj.com/content/351/bmj.h4855   


[1] British Medical Journal

Où voudrait-on mourir ?
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Le mieux est parfois l’ennemi du bien

Publié le par Louis Lacaze et Bernard Pradines

Le mieux est parfois l’ennemi du bien

Diabète sucré (chiffre durablement et anormalement élevé du glucose sanguin) et hypertension artérielle (chiffres anormalement élevés de la pression artérielle) sont des facteurs de risque vasculaire bien connus dont la fréquence (prévalence et incidence) augmente avec l’âge.

Chacune de ces pathologies requiert un traitement. Ainsi, il est intéressant de savoir si les traitements de ces deux affections ne peuvent pas à leur tour être dangereux chez les personnes âgées. En effet, il est fréquent que les substances médicamenteuses incriminées dépassent leur objectif en faisant courir les risques redoutables respectifs l’hypoglycémie et de l’hypotension.

Une étude menée par une équipe de Michigan (USA) tente de répondre à cette question. Les résultats sont publiés par Sussman (Sussman et al, 2015) portant sur 211 667 patients diabétiques âgés de plus de 70 ans recevant un traitement actif [1] au cours de l’année 2012. Une pression artérielle [2] « très basse » était définie par des chiffres inférieurs à 120/62 mm Hg. La pression artérielle était qualifiée de « modérément basse » si la systolique [3] était comprise entre 120 et 129 mm Hg et la diastolique inférieure à 65 mm Hg.

Pour le glucose, les auteurs ont décidé que le taux d’hémoglobine glyquée (HbA1c) [4] devait être considéré comme « très bas » pour des valeurs inférieures à 6 %. Il était qualifié de modérément bas pour des valeurs de 6 % à 6,4 %.

Les résultats révèlent que plus de la moitié des participants présentaient des niveaux « modérément bas » ou « très bas » de la pression artérielle.

Un peu plus de 20 % des patients traités pour diabète présentaient des taux anormalement bas d’HbA1c (inférieurs à 6,5 %).

Seulement 18,8 % de ceux qui avaient une tension « très basse » (moins de 120/65 mm Hg) avaient vu leur traitement antihypertenseur réduit.

Côté diabète, 27% seulement parmi ceux qui avaient un taux d’hémoglobine glyquée très bas (HbA1c < 6%) avaient vu apporter une réduction à leur traitement antidiabétique.

Source :

Sussman JB, Kerr EA, Saini SD, Holleman RG, Klamerus ML, Min LC, Vijan S, Hofer TP. Rates of Deintensification of Blood Pressure and Glycemic Medication Treatment Based on Levels of Control and Life Expectancy in Older Patients With Diabetes Mellitus. JAMA Intern Med. 2015 Dec 1;175(12):1942-9.


[1] Précision pour les professionnels de la santé : les traitements actifs considérés ici excluent les IEC et les ARA2 ainsi que la metformine

[2] Pression artérielle : dans le grand public, on parle de « tension artérielle »

[3] On parle de systolique pour le chiffre le plus haut parmi les deux qui sont habituellement rapportés. Le chiffre de la diastolique est le plus bas. Par exemple, si la pression artérielle est de 130/80 mm Hg, la systolique est égale à 130 mm Hg et la diastolique à 80 mm Hg.

[4] L’hémoglobine glyquée (HbA1c) permet d'évaluer l’équilibre glycémique sur une plus longue période (environ 2 à 3 mois) que la seule glycémie qui est un examen reflétant l’état instantané de la glycémie sanguine. L’HbA1c représente la fraction d’hémoglobine liée au glucose ; c’est pourquoi elle est exprimée en pourcentage.

Publié dans prévention, médicaments

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