Des propositions contradictoires
A en croire les uns, le nombre des soignants est le seul paramètre à améliorer. La formation des soignants n’aurait qu’une importance minime. Appréciation que l’on peut bien comprendre quand les repas sont souvent expédiés en dix minutes et que le personnel soignant s’épuise en courant en permanence derrière le temps. Ainsi, je me suis toujours insurgé contre l'idée que les ratios des soignants sont une fausse piste et que seule leur formation pourrait améliorer la situation actuelle.
A l’inverse, sans formation adéquate donc sans défense, les soignants sont souvent dans une situation qui les rend incapables de résister à la logique de la rentabilité à tout va. Ainsi, une formation délétère peut les inciter à se conformer à une situation insatisfaisante : sur commande, selon le bon vouloir de ceux qui ont « acheté » une formation docile, à même de culpabiliser le soignant en lui faisant endosser toutes les turpitudes du lieu.
Au contraire, une formation qui développe l'esprit critique, le "penser par soi-même » sans attendre constamment des ordres, prend une autre dimension. Elle n'en pointe pas moins les insuffisances multiples. Mais elle sait situer les responsabilités.
Oui, nous sommes tous, soignants, du médecin à l'ASH, responsables d'une partie de nos attitudes. Nous pouvons changer les choses dans une certaine mesure et ne pas tout subir.
Pour vous donner un exemple précis, je suis frappé par la demande générale d'avoir des formations qui vous donnent de « trucs », des « protocoles » qui vous disent « ce qu’il faut faire », du « pratico-pratique » : la formation-minute.
Pour ma part, je préfère tenter de placer les participants (je n’emploie pas le mot dévalorisant de « stagiaire ») sur la voie de " ce qu'il faut comprendre". Sans quoi, on demeure un exécutant qui applique "ce qu’il faut faire", qui ne pense pas par lui-même. On ne s’étonnera pas de la démotivation conséquente.
Les troubles du comportement en sont une magnifique illustration : si vous cherchez ce qu'il faut faire avant d'avoir compris quoi que ce soit, vous avez une chance infime d’améliorer la situation du patient et de son entourage incluant sa famille et les soignants.