Si les médecins tout comme les patients rêvent d’une relation s’étalant sur des dizaines d’années, il ne s’agit bien souvent que d’une utopie. Les raisons en sont multiples, avec en premier lieu la mobilité des populations pour raisons professionnelles, l’éclatement des familles, le désir de rechercher le praticien idéal qui sera à votre écoute, vous comprendra à demi-mots et effacera de son ordonnance miraculeuse tous vos maux.

Le patient doit se détacher des a priori personnels, prendre la peine de s’intéresser à l’univers professionnel du médecin. Le praticien qui voit un patient depuis des années ne se livre pas à l’exploration d’un terrain inconnu. Il sait être à son écoute, analyser ses inquiétudes. Il sait qu’il doit détecter dès leur apparition les pathologies qui accompagnent l’avancée en âge, donc rester vigilant. Il n’hésite pas à faire appel à un spécialiste en cas de besoin. 

Se précipiter chez un nouveau médecin merveilleux qu’une de vos relations vous a recommandé peut vous réserver des désillusions. Il est tout aussi humain, donc faillible, que ses confrères, sa personnalité peut très bien ne pas s’accorder avec la vôtre, vous n’êtes pas à l’abri d’une désillusion. Faire appel à un nouveau médecin représente un saut dans l’inconnu qui devra présenter plus d’avantages que d’inconvénients. Il ne peut s’envisager qu’après une solide réflexion.

Source :

Le philosophe français contemporain  Eric Fiat nous  livre ici son introduction à ce thème indispensable à tout·e soignant·e. 

Commentaire de Bernard Pradines : je ne partage pas forcément toutes les propositions d'Eric Fiat mais ses exposés et ses ouvrages écrits jettent à mes yeux une lumière sur l'éthique soignante telle que nous la souhaiterions.