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Le personnel médical à l’abri de la covid-19 peut culpabiliser

Publié le par Louis Lacaze

Le personnel médical à l’abri de la covid-19 peut culpabiliser
Le personnel médical à l’abri de la covid-19 peut culpabiliser

Certaines catégories de personnel peuvent côtoyer des collègues qui se trouvent en première ligne dans la lutte contre la covid-19, ne jamais entrer en contact direct avec un patient, et souffrir d’un complexe de culpabilité comparable au complexe du survivant qui a échappé à la tragédie d’une catastrophe responsable de nombreuses victimes.

Ce sentiment de culpabilité qui ne repose sur aucune base rationnelle a pu être qualifié de « dépense émotionnelle inutile ». Il entraine une souffrance de la personne qui peut aller jusqu’à handicaper sa vie privée aussi bien que professionnelle.

Comment réagir ? D’abord en reconnaissant qu’une pareille réaction est logique, qu’il est bon d’aborder le sujet avec des collègues qui eux aussi peuvent avoir le sentiment de ne pas être suffisamment efficaces, de ne pas avoir pris la meilleure décision. Cela permet de rétablir le sentiment d’appartenir à un groupe. Apporter sa contribution sur le plan administratif, contacter les familles peut aussi s’envisager mais souvent rester à l’écart du personnel en première ligne correspond à la solution la plus constructive. Pourquoi ne pas canaliser son énergie en passant en revue les points faibles de notre société responsables de décès évitables et de militer pour rechercher des solutions ?

Commentaires de Bernard Pradines. La situation évoquée ci-dessus par David B. Reuben est extrapolable en France. L’auteur rappelle que la culpabilité n’épargne pas celles et ceux qui sont "en première ligne car confrontés à l’incertitude d’avoir bien fait tout ce qui est en leur pouvoir". Je partage son appréciation sur un aspect inconnu et insoupçonné dans notre pays : l’engagement sans réserve des professionnels de santé dans leur immense majorité, fut-ce au péril de leur vie. J’ai pu apprécier cette dimension lors de missions médicales humanitaires au Liban et en Afrique. Souvent obnubilés par l’individualisme réputé dominant, nous ne savons pas ou ne voulons pas voir la médaille à son envers : celui du dévouement qui peut devenir sacrificiel. Tout à fait d’accord pour y voir la culpabilité qui entraine le déni : un sentiment de faute de celui qui ne peut pas ou ne veut pas s’engager suffisamment vis-à-vis de ceux qui vont « au front ». Ces sentiments sont à mon sens générateurs d’une relativisation de l’efficacité de l’action humanitaire. Sauf que pour la covid-19, la réalité est immédiatement présente, menaçante, sous nos yeux, à notre porte. Impossible de la nier ou de la minimiser. Bien vu Dr David B. Reuben !

David B. Reuben, MD JAMA  Sideline Guilt

https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/fullarticle/2768889

Et des liens vers des commentaires :

Calvin S. Bruce, MD What to Do With Sideline Guilt

Henry S. Kahn, MD  What to Do With Sideline Guilt

David B. Reuben, MD What to Do With Sideline Guilt—Reply   avec réponse de Bernard Pradines

 

Publié dans Covid-19

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Qui est au centre ?

Publié le par Bernard Pradines

Issu de https://www.youtube.com/watch?v=LGMpOoysVrg

Issu de https://www.youtube.com/watch?v=LGMpOoysVrg

Les débats sur la qualité des soins et de l’hébergement font une large part à une problématique géométrique : qui est au centre ?

Je veux dire : qui est au centre des préoccupations des institutions, établissements et personnels ?

A rebrousse-poil de considérations inavouables, c’est le patient qui doit en principe être au centre des soins, c’est-à-dire l’objet principal autour duquel gravitent les divers acteurs et intervenants. Sous-entendu : le professionnel n’est pas ici d’abord pour venir chercher son salaire, les directions pour dominer leurs subordonnés, les investisseurs pour gagner de l’argent sur le dos des résidents, etc.

En 2016, Christophe Pacific remettait en question cette position centrale en proposant que le soin soit mis au centre à la place du patient[1]. Ainsi, ce dernier ne se retrouverait pas en situation d’objet.

Ces débats peuvent paraître théoriques mais ils sont cruciaux, tant un objectif flou peut ouvrir la voie à toutes les errances.

Pour ma part, avec Dominique Liffraud[2] qui cite huit fois ce terme dans son article, je serais tenté de proposer que la relation soit au centre de la préoccupation des établissements pour personnes âgées. C’est elle qui est le principal défi. Elle ne sera jamais résolue par le seul aspect « pratico-pratique ». Elle témoigne d’une réalité abstraite, bien plus difficile à appréhender que les problèmes concrets.

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