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politique

Éthique : la médecine peut-elle être extrémiste ?

Publié le par Bernard Pradines

Image issue de : https://www.apeichambery.com/presentation/demarche-ethique-et-responsable/

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Question déplacée me direz-vous. Le terme d’extrémiste renvoie à la politique, à la religion, pas à la science de la santé à retrouver. Question qui ne se pose pas : la médecine resterait en dehors des conflits de la société et du monde, dans une sorte de surplomb, d’extranéité bienveillante. Elle soignerait sans distinction ceux qui sont malades ou blessés, sans arrière-pensée. Ainsi : « Aucune personne ne peut faire l’objet de discrimination dans l’accès à la prévention ou aux soins. Dès lors, tout professionnel de santé qui refuserait de dispenser des soins à un patient en raison de son origine, de son sexe, de sa situation familiale, de son état de santé, de son handicap, de ses mœurs, de son orientation sexuelle, de son âge, de ses opinions politiques, de ses activités syndicales, de son appartenance ou non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée, sera susceptible de se voir infliger des sanctions disciplinaires, pénales ou civiles. »1

Oui, mais le passé nous a montré le fossé entre la théorie et la pratique. Pire que la discrimination, il nous a révélé la participation des soignants, infirmiers et médecins, à des crimes de masse contre l’humanité comme ce fut le cas, surtout mais pas seulement, à Auschwitz-Birkenau. Des « détails de l’Histoire » qui furent occultés lors de l’enseignement d’éthique que je reçus dans les années 1960 et 1970 à la faculté de médecine. Oubliée aussi, broutille sûrement, l’exclusion des médecins juifs durant la période de l’Occupation.

Sans aller aussi loin dans l’obéissance et l’adhésion éventuelle à un totalitarisme, nous devons nous interroger en permanence sur la nécessaire distinction entre le citoyen et le soignant. Au long de ma carrière, j’ai perçu des opinions et des attitudes en relation avec des philosophies différentes. Le débat actuel sur la fin de la vie nous offre une fois de plus l’étalage de conceptions profondes parfois antagoniques qui traversent notre société.

De nombreux facteurs, plus ou moins conscients, contribuent à forger une attitude médicale à géométrie variable : origines sociales, géographiques, opinions politiques, croyances religieuses, appétences financières, conditions d’exercice, conception de la vieillesse, etc.

Ainsi, le débat entre acharnement et abandon thérapeutique des personnes âgées doit-il envisager ce qui est toujours caché : la conception sociétale des décideurs. Un progrès a consisté, au moins en théorie, à éviter la décision médicale solitaire 2 au profit de la procédure collégiale. Un autre, en gestation, consistera à éclairer les a priori moraux préalables aux décisions, même collectives.

2 Procédure collégiale : voir par exemple la loi Leonetti-Claeys du 2 février 2016

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Guerre : s’inspirer des soignants ?

Publié le par Bernard Pradines

Image issue de : https://blogs.univ-jfc.fr/projetcroixrouge/la-croix-rouge-dans-les-guerres-mondiales/laction-aupres-des-populations-civiles-pendant-la-premiere-guerre-mondiale/bilan-acharne-favorisant-le-comite-international-de-la-croix-rouge/

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L’éthique soignante est radicalement différente de celle de la guerre. Les victimes doivent être soignées, quel que soit leur statut parmi les parties belligérantes.

Pour les soignants, la guerre évoque d’abord l’action humanitaire. Vraiment débutée par la naissance de la Croix-Rouge au XIXème siècle, l’assistance aux victimes des conflits armés n’a cessé de se développer sous des formes diverses dont chacun connait des noms d’organisations à notre époque : Médecins Sans Frontières, Médecins du Monde, Première Urgence Internationale…

Ainsi, la Déclaration de Genève de l’Association médicale mondiale (AMM) et le Code d’éthique médicale qui lui est associé font référence au travail des professionnels de santé dans toutes les circonstances. Pourtant, aucun de ces textes ne différencie les temps de guerre ou le travail dans un conflit armé, ni n’implique que les principes et les règles éthiques changent en fonction des circonstances[1].

La Déclaration de Genève précise : « je ne permettrai pas que des considérations d’âge, de maladie ou d’infirmité, de croyance, d’origine ethnique, de genre, de nationalité, d’affiliation politique, de race, d’orientation sexuelle, de statut social ou tout autre facteur s’interposent entre mon devoir et mon patient; »

En quoi la position soignante pourrait-elle inspirer les journalistes et surtout les commentateurs lors d’un conflit armé ?

D’abord par la compassion, l’empathie envers les victimes, quelles qu’elles soient. Ensuite en les secourant ou en aidant à les secourir. Et en évitant de leur donner des leçons sur leur conduite passée ayant prétendument motivé le conflit armé. Exemple :  à qui viendrait l’idée de faire un cours universitaire sur la prévention du cancer du poumon à une famille éplorée devant la mort d'un proche qui fumait ?

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