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Qui écoute qui ? Qui parle à qui ?

Publié le par Bernard Pradines

Image issue de : https://www.francais-clg.fr/des-conseils-pour-travailler-son-expression-orale-des-le-college/

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Tiens, voici un médecin qui parle à une infirmière en présence d’un patient sans adresser la parole à celui-ci. Pas grave me direz-vous. Qui peut se vanter d’être toujours écouté et entendu ?

Ah, voici deux médecins qui conversent entre eux, quelque peu perturbés par les questions du patient. Eh bien, voici deux aides-soignantes qui font la toilette d’un résident en évoquant entre elles le dernier week-end passé en famille. Déjà bien heureuses d’être à deux pour ce faire. Surtout, c’est le rhume du dernier-né qui inquiète une protagoniste. Les voici au repas, aidant chacune une résidente, échangeant autour de leurs dernières vacances parfois difficiles avec leurs beaux-parents. Parler avec la résidente poserait un problème de lenteur à la prise du repas car, en s’exprimant, la personne âgée ne déglutirait pas. Par ces temps de pénurie en personnels et de temps contraint, comment le leur reprocher ? Ah, voici le brancardier qui vous adresse la parole. Cela vous change de celui qui est resté coi.

Question aux lecteurs : combien de dépenses de formation pour changer ces situations ?

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Grand départ : témoignage d’une kinésithérapeute

Publié le par Alix Gilles

Image issue du site : https://www.crim-tech.fr/fr/produits-mortuaires/520-sac-mortuaire-adulte-noir-.html

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Hier après-midi, lorsque je suis arrivée à la maison de retraite où se trouve mon mari, j’ai butté sur une civière accompagnée de quelques personnes en sortant de l’ascenseur. Elles attendaient leur tour. Sur le brancard, pas de malade. Seulement un long sac en plastique noir ! Je ne suis pas certaine d’en avoir vu ailleurs que dans des films policiers. Il ressemble à un sac poubelle. J’étais à quelques mètres de la chambre de mon mari. En une fraction de seconde, je rectifiai mon terrible pressentiment : non, ça ne peut pas être lui. Bien sûr, je sais que la mort est présente dans toute maison de retraite. D’ailleurs, lors de la signature du contrat à l’entrée de mon mari, on m’a remis le dépliant d’une société de pompes funèbres. Délicate attention, on en conviendra…

A côté de la chambre de mon mari, il y a le local des kinésithérapeutes. M’entendant bien avec la plus âgée, Sabine, je l’ai interrogée. D’abord avec une question idiote : « Quelqu’un est mort ? ». J’apprends qu’il s’agit de madame M., ancienne restauratrice de tableaux. Sa porte étant toujours ouverte, je l’ai vue décliner ces derniers temps. Endormie dans son fauteuil, tête renversée et bouche ouverte. Parfois, j’évitais de jeter un regard dans sa chambre car elle représentait ce que mon mari va sans doute devenir.

J’ai dit à Sabine : « Ça te fait toujours quelque chose ? » Alors, elle s’est lâchée un peu :

« On ne s’habitue jamais ! Il y a des résidents avec qui on a davantage d’accointances. Du 1er au 29 avril 2020, il y a eu 29 morts. Sans compter ceux qui sont morts à l’hôpital. A la fin, ils partaient à l’hôpital et en revenaient deux heures plus tard, on nous les renvoyait !  Je n’ai jamais vu autant d’employés des pompes funèbres. Encore des mois plus tard, je faisais des cauchemars pleins d’hommes en costumes noirs et chemises blanches. »

Je me demande si on a pris en compte la souffrance du « personnel soignant ».

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