La dialectique de l’âge
Image extraite du site : http://carnetphilosophique.blogspot.com/2011/04/pensee-totalisante-et-art-de-penser.html
Qui peut le mieux parler des personnes âgées, sinon les personnes âgées elles-mêmes ? Qui peut le mieux écrire sur un sujet que celui qui le vit ? Bien sûr me direz-vous, mais il existe tant de sciences qui s’intéressent aux personnes âgées et parlent d’elles : médecine dont la gériatrie, psychogérontologie, sociologie, histoire, anthropologie, etc.
Je vous répondrai que les chercheurs et soignants en tous genres discourent sur les personnes âgées mais ne sont pas pour la plupart des personnes âgées. Il y a là toute la distance entre être et observer. Pourtant, vivre une situation ne vous livrera pas forcément la vérité. Je me souviens ainsi d’une pénible émission historique télévisée. Un ancien combattant de la première guerre mondiale y était contredit par un historien bien plus jeune que lui et n’ayant donc rien vécu de l’expérience de l’ancien. L’érudit y contestait le témoignage de l’ainé quant à sa localisation exacte sur le front. La science était-elle en droit de contredire celui qui avait risqué sa vie ?
Cet exemple n’est qu’un aspect saillant d’une problématique quotidienne : la parole de la personne âgée, déjà suspecte de possible détérioration intellectuelle, est-elle recevable ou bien appartient-elle à un passé révolu, obsolète ? L’évolution de notre société est-elle si rapide que l’expérience des anciens est devenue inutile et donc encombrante aux yeux des plus jeunes ?
Quelle n’a pas été ma surprise de constater que ce genre d’a priori peut occuper aussi le champ des sciences évoquées ci-dessus ! Une sorte de « place aux jeunes » pour avoir le droit de parler des vieux.
La vieillesse a au moins un mérite : celle de la découverte ininterrompue de l’inattendu.