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soins de longue duree

L’engouement pour la mort assistée (7) : une définition philosophique de la dignité

Publié le par Bernard Pradines

Image issue du site : https://adequationsante.com/la-dignite-a-lepreuve-de-la-realite-avant-de-respecter-celle-des-patients-plongeons-dans-ses-delicates-interpretations/

Image issue du site : https://adequationsante.com/la-dignite-a-lepreuve-de-la-realite-avant-de-respecter-celle-des-patients-plongeons-dans-ses-delicates-interpretations/

Le débat philosophique demeure vif autour du concept de dignité. L’éthique soignante courante, il faudrait dire la morale car il s’agit d’un principe général, adhère au philosophe Kant qui fait de la dignité un attribut consubstantiel de l’être humain. Autrement dit, nous ne pourrons jamais perdre notre dignité ontologique, quelles que soient les circonstances. Cette affirmation qui sonne comme performative est censée appeler un respect inconditionnel de la dignité de la personne soignée.

Le terme est même revendiqué par ceux qui se regroupent dans l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD) mais il l’est aussi par celles et ceux qui sont en désaccord avec cette association.

Pour ma part, je doute d’une telle idéalisation de la dignité. J’ai déjà eu l’occasion d’exposer ici mes réticences philosophiques nées de mon éducation et renforcées par mon expérience de gériatre en soins de longue durée. Ce ne sont pas des œuvres comme « la Ballade de Narayama » ou « Plan 75 » qui m’encourageront à modifier mon appréciation dans ce domaine.

Et si la dignité était aussi fragile que les personnes dont on la voudrait indissociable ? Autrement dit, nous serions totalement responsables du respect d’autrui par la dignité que nous lui conférons. Et non par celle qu’il conservera quoiqu’il lui advienne. A vous de débattre.

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André

Publié le par Bernard Pradines

Montaliès (Est-Aveyron). Fontaine sur le Causse de Séverac avec lavoir et abreuvoir

Montaliès (Est-Aveyron). Fontaine sur le Causse de Séverac avec lavoir et abreuvoir

André est né en 1929. Il est une de mes rencontres lors de mes courtes randonnées pédestres. Je l’ai connu assis devant sa vieille maison de pierre, là-haut dans un hameau aveyronnais qui jouxte le département de la Lozère.

Il est une mémoire de ce temps qui disparait peu à peu. Celui d’un monde différent, marqué par un conflit que l’on ne parviendra pas à oublier. Il est le témoin de son temps, de celles et de ceux qui le vivaient.

Il  est entré en EHPAD en décembre dernier, il y a sept mois. Pour ma part, je garde de mon expérience professionnelle la priorité des visites dans les désirs et attentes des résidents*. André ne sait pas que je vais lui rendre visite. Cette fois, il est assis dans le hall vitré d’entrée de l’établissement, mais reste toujours tourné vers l’extérieur. Je salue les blouses blanches sans que mon bonjour ne reçoive d’écho. Il n’a pas voulu assister à l‘animation dont il pense qu’elle ne le concerne pas.  Pénétrant dans l’édifice, je l’aperçois sans le reconnaitre avant de m’être adressé à lui en citant son nom. Arrivant masqué et de manière inattendue,  je suis aussi un étranger pour lui. Puis je me présente à lui. La surprise est considérable. Ses yeux deviennent humides. Nous échangeons pendant une demi-heure, surtout autour de ce temps que je n’ai pas connu. Je repars en promettant de revenir sans préciser de date.

Une bonne action, direz-vous, que votre serviteur prend plaisir à raconter. Il y a toutefois un aspect moins satisfaisant. Non, on ne me rejeta pas, on ne me reprocha pas d’être là. Mais on ne comprit pas que je pouvais souffrir de lombalgies en position debout statique prolongée. Surtout, on n’imagina pas que je dusse me placer à hauteur convenable de mon interlocuteur pour entretenir un dialogue d’égal à égal avec lui. Tout au long de ma visite, personne ne me salua, ne me proposa un siège.

Personnels d’EHPAD, je vous entends murmurer : nous sommes peu nombreux, nous n’avons pas le temps. Euh, en l’occurrence, je ne pense pas que ceci soit la vraie raison. L’habitude des situations professionnelles difficiles est probablement trop grande chez moi. Non, je vous renvoie à mon court « plaidoyer pour une chaise » rédigé en 2013.

 

*https://www.geriatrie-albi.com/desirsPA0904.htm

 

 

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